La contagion émotionnelle chez les enfants

Avez vous déjà entendu parlé de la contagion émotionnelle ? C’est dans son livre « La psychologie des foules » que Gustave Le Bon émet pour la première fois l’hypothèse dans les année 1865 de la contagion des émotions. Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale et professeur à l’EM Lyon, spécialiste du sujet, nous assure aujourd’hui que les émotions sont aussi contagieuses qu’un virus !

Avant d’entrer dans le vif du sujet, voici un bon exemple : qu’avez vous pensé, ressenti en voyant l’image illustrant cet article ?

Avez vous déjà été dans un stade voir un match ? Assisté à une course ? Vu une pièce de théâtre ou un ballet ?Participé à un mariage ?

Avez vous remarqué que l’atmosphère de chacune de ces activités est bien particulière ?

La ferveur partagée des supporters ou l’ambiance électrique qui peut régner dans un stade.

Le rire communicatif des spectateurs d’un one-man show.

La concentration du parterre lors d’une représentation artistique.

Le calme d’une galerie d’art.

Avez-vous remarqué comme être dans un groupe solidaire vous pousse au partage ?

Alors vous avez presque tout compris de la contagion émotionnelle. D’où l’importance d’apprendre à décoder ses propres émotions et d’être attentif à ce que nous ressentons, pour se protéger des émotions désagréables qui ne nous appartiennent pas !

C’est quoi la contagion émotionnelle ?

Vous l’aurez compris à travers ces exemples, la contagion émotionnelle est le transfert d’émotions d’un individu à un autre. Lorsque l’on rencontre quelqu’un, on a tendance à adopter automatiquement ses expressions, ses comportements. Ce mimétisme inconscient est une composante fondamentale des relations humaines.

La contagion émotionnelle se dissocie de l’empathie. Selon Jean DECETY, spécialiste en psychologie et neurosciences comportementales, le concept d’empathie renvoie à une capacité à partager et à comprendre les états émotionnels et affectifs d’autrui, couplé d’une envie de l’aider à se sentir mieux.

La contagion émotionnelle désigne elle, la réaction affective directe à l’attitude d’une autre personne. Elle ne reflète pas l’envie d’accompagner l’autre personne à aller mieux ni la capacité à comprendre son état.

Il est certain aujourd’hui que cette contagion émotionnelle a un rôle social très important, favorisant l’adaptation et la proximité entre les personnes.

Comment cela fonctionne ?

Ce sont les neurones miroirs qui sont à l’origine de cette contagion. Ces neurones particuliers observent ce qu’il se passe dans notre environnement, photographient les actions des autres et nous poussent à les imiter dans un schéma inconscient de préservation de l’espèce. Cet article du blog lescoffresmagiques.com en parle très bien : neurones miroirs et éducation.

Ils sont tellement puissants qu’il peuvent même être activés à distance !

Regardez par exemple les informations: vous voyez une scène de guerre dans un pays lointain, vous pouvez vite ressentir de la peur. Vous regardez un film romantique, vous pouvez vous aussi ressentir cette élan d’amour.

Notre cerveau interprète ainsi les signes non verbaux pour décoder les émotions de nos interlocuteurs. D’ailleurs, je vous propose de lire cet article sur le sujet et comment l’utilisez avec nos Oursons chez unemamandeuxmaisons.

Il faudrait moins de 500 mili-secondes pour que le mimétisme soit visible chez l’interlocuteur !

Une étude a montré que sans les micro contractions du visage, le partenaire n’identifie pas l’émotion et ne peut donc pas l’interpréter.

Quand je veux savoir jusqu’à quel point quelqu’un est circonspect ou stupide, jusqu’à quel point il est bon ou méchant, ou quelles sont actuellement ses pensées, je compose mon visage d’après le sien, aussi exactement que possible, et j’attends alors pour savoir quelles pensées ou quels sentiments naîtront dans mon esprit ou dans mon cœur, comme pour s’appareiller et correspondre avec ma physionomie

Edgard Allan Poe, La Lettre volée

Plus d’explications sur la contagion émotionnelle dans cet article de Jean-François Lopez.

La contagion émotionnelle avec nos enfants

Concrètement, voici quelques exemples de contagion émotionnelle qui touchent nos enfants et quelques idées pour les aider à s’en défaire.

Les pleurs

C’est bien connu des instituteurs et ATSEM, le 3ème jour c’est le plus dur pour les petits. Et votre enfant pourtant ravi les deux premiers jours, se retrouve vite happé par cette ambiance triste ! Autant que nous d’ailleurs.

Il est possible de leur expliquer ce qu’est la contagion émotionnelle, et les guider à s’en protéger en écoutant comment il se sentent avant de rentrer en classe. Et leur donner pour mission par exemple, d’aider son ou sa copine de classe à l’imiter dans une émotion plus agréable peut être utile pour dépasser cette contagion Quelques grimaces ou une histoire à raconter pour faire rire seront redoutables.

La colère

Vous est-il déjà arrivé d’être en colère après votre enfant ? Peut être de lever la voix, d’être ferme et définitif dans vos propos ? Cela m’est déjà arrivé (et oui, nous connaissons tous la fatigue !) et j’ai pu observer le résultat. Je vous le mets dans le mile : Bib’Ours a réagit pareil ! Il s’est mis en colère de ne pas être entendu, et m’a parlé avec fermeté. La colère a amené la colère. Je m’efforce donc maintenant de garder un ton de voix et un visage ouvert pour fixer les limites, de manière à ce qu’elles soient mieux entendues.

Le stress

Nous l’avons vu en détails dans cet article sur la grossesse, notre stress se propage chez nos Oursons dès la grossesse. Les enfants sont de véritables éponges émotionnelles, et ils cherchent à nous rassurer ou nous faire réagir par des comportements inhabituels lorsqu’ils perçoivent notre stress. C’est une forme de contagion émotionnelle où l’enfant adopte un comportement réactif similaire au notre lorsque nous somme sous pression.

S’imiter exagérément devant un miroir peut être très efficace pour faire retomber la pression et désamorcer cette contagion.

Et vous, à quel moment avez vous observé de la contagion émotionnelle dans votre famille ?