Sophrologie

L’écoute active: 5 questions à poser pour pratiquer le non jugement


J’ai constaté en travaillant avec les enfants que les accueillir sans jugement se suffit à les faire adhérer. C’est pour cela que je vous dévoile aujourd’hui quelques pistes pour pratiquer l’écoute active !

Bien sûr, les activités manuelles et les jeux en mouvement leur plaisent et leur apportent les outils et la compréhension. Vous pourriez d’ailleurs aimer la lecture de cet article « Notre meilleure astuce d’apprentissage par le jeu »

Mais ce qu’ils aiment par dessus tout, ce qui leur donne envie de revenir, c’est qu’ils se sentent libres de s’exprimer ouvertement.

Très régulièrement les enfants/adolescents confient des choses qu’ils ne disent pas à leur famille. Par peur de les blesser parfois ou par peur d’être jugé, souvent par peur d’être puni.

La magie de l’accueil


L’écoute active vient de l’approche plus globale dite approche centrée sur la personne de Carl Rogers. Pour aller plus loin et découvrir cet illustre personnage, vous pouvez consulter cette courte page .


L’importance de l’écoute active


Dans cet espace refuge, sans jugement, intervient la notion d’accueil de l’autre, d’acceptation de ce qu’il pense et ressent.

Écouter l’autre sans juger si ce qu’il ressent ou pense est bien ou mal, justifié ou non, c’est donner de la valeur à ce qui est juste pour lui. Nous accueillons sa propre vérité.


Quand un enfant dit qu’il a peur des monstres sous son lit, la réponse apportée est bien souvent dans le jugement. En toute bonne foi, en pensant encourager notre enfant, nous lui expliquons que les monstres n’existent pas et qu’il n’y a pas de raison d’en avoir peur.

Sauf que sa peur est toujours là et nier l’existence des monstres ne l’encourage pas. Il se sent plutôt incompris et se dit qu’il va devoir se débrouiller seul face à ça.


La plus grande peur des adultes en France est par exemple l’araignée. Pourtant, objectivement, l’araignée est bien plus petite qu’un humain, sa piqure engendre une légère brûlure et quelques grattements. Est-ce que dire tout cela à une personne qui a cette phobie atténue sa peur ? Malheureusement, pas du tout.

Par contre, questionner cette peur avec des questions adaptées amène un sentiment d’acceptation qui libère l’énergie. Cette énergie libérée permet à l’enfant d’envisager des solutions et de chercher en lui à répondre à son besoin.

Les personnes intéressées par cet article ont aussi lu « l’énergie du brocoli ».

C’est grâce à cette écoute active que chaque séance de sophrologie travaille de façon souterraine la confiance et l’estime de soi avec les enfants en les confortant dans leur capacité d’écoute d’eux même.


Difficile toutefois de pratiquer l’écoute active si nous restons dans le jugement. La première chose à faire, c’est donc vouloir profondément éviter le jugement pour accueillir l’autre tel qu’il est. Cela ne marche pas à tous les coups, mais c’est une première étape essentielle pour prendre conscience de notre façon d’agir.

Dans l’exemple précédent, ne pas juger la peur des monstres ou des araignées, ou avoir la capacité d’observer que nous sommes en train de juger. Minimiser la peur de l’autre revient à juger qu’elle n’est pas justifiée, que ce sujet ne mérite pas de faire peur.


En pratiquant l’écoute active et en questionnant ce que ressens l’autre, nous acceptons que ses ressentis soient différents des notre.

Dit comme ça, cela parait simple. Peut-être même pensez vous « Moi je ne juge pas ».

En êtes-vous bien sûr ?


Les deux difficultés de l’écoute active


Il y a une réalité, c’est que nous jugeons tous.

Encore ce week-end, j’ai jugé sans y prêter attention sur le moment. Comme un réflexe, une habitude. C’est plus tard que j’ai réalisé que j’avais été dans le jugement et cela m’a permis de réajuster ma position.

J’ai pu revenir sur cette situation et observer pourquoi j’ai été dans le jugement. Car l’écoute active, c’est écouter l’autre mais aussi s’écouter soi.

Il est vital pour nous de juger une situation, ou plutôt de jauger. Observer si nous sommes en danger, si nous devons ajuster notre façon d’agir est instinctif car c’est ce jugement qui nous met dans l’action et nous protège.

Cela explique notre capacité à très vite être dans le jugement.

La nuance intervient lorsqu’il n’y a pas de danger vital mais que cette capacité se met en action malgré tout. Il s’agit dans ces moments là d’un jugement qui peut nous mettre en « danger émotionnel » : je juge telle situation car cela me touche personnellement dans mes valeurs. Par exemple, je juge mon ami qui n’a pas répondu à mon message depuis une semaine car cela m’inquiète et ravive un sentiment d’abandon que j’ai déjà vécu.


Pratiquer l’écoute active demande donc d’être conscient de ce qui se passe pour nous, tout en le mettant en pause pour se concentrer sur ce qu’il se passe pour l’autre.


La deuxième difficulté est celle d’écouter. Comme nous jugeons très vite et de manière instinctive, nous devons faire un effort pour rester dans l’écoute. Un fois le jugement formulé, nous n’avons plus qu’une envie: le partager ! Et c’est ainsi qu’au lieu d’écouter, nous corroborons ou critiquons ce qui vient d’être dit.

Cet exercice, apprendre à se taire pour juste écouter, est difficile et demande de l’entrainement comme pour chaque chose nouvelle.


Les 5 questions clefs pour écouter efficacement

Check liste de l’écoute active

Les 5 questions suivantes peuvent s’appliquer à des situations très différentes tout en gardant leur efficacité.

Aucune de ces questions n’attend de réponse




1. Qu’est ce que tu ressens ?
Selon l’âge de votre enfant, vous pouvez citer plusieurs émotions pour lui laisser le choix, ou celle que vous décelez si l’enfant est jeune .


2. C’est très important pour toi, à quel niveau d’intensité ?
Vous pouvez guider votre enfant en lui proposant d’évaluer son émotion sur une échelle, un baromètre, un trouillomètre ou toute autre unité de « mesure » facile.


3. Qu’est ce qui t’aiderai à aller mieux ?
Bien souvent, il s’agit d’empêcher quelque chose d’arriver, ou alors se préparer à l’évènement redouté si il arrivait. J’ai par exemple reçu une fois un jeune qui avait besoin de savoir ce qu’il se passerait si ses parents disparaissaient : son besoin était de savoir et d’organiser.


4. Comment tu pourrais obtenir ce que tu veux ?
Les enfants ont beaucoup d’imagination et cela est très utile pour imaginer une solution à leur difficulté. Dans l’article « L’énergie du brocoli : comment apaiser une situation critique », j’illustre comment cette imagination peut être mise à profit pour avancer vers leur objectif.


5. Tu te sens comment à cette idée ?
Maintenant que l’enfant a imaginé une solution, l’inviter à observer si son ressenti et l’intensité de son émotion est modifiée lui permettra de prendre conscience qu’accueillir sa difficulté et y réfléchir permet de changer l’énergie en soi.

Et concrètement …

Reprenons l’exemple des monstres utilisé plus haut :


-> Est ce de la peur que tu ressens ?


-> A quel point cela te fait-il peur, sur une échelle de 1 à 10 ?


-> Comment tu pourrais faire pour calmer cette peur, ne plus avoir peur ?
Par exemple: je pourrais les empêcher de venir dans ma chambre ou leur faire peur si ils viennent.


-> Comment tu pourrais mettre en place cette solution ? Comment pourrais tu les empêcher de venir dans ta chambre ?
Par exemple: ils ont peur du feu, je pourrais donc dessiner un feu et le coller sur ma porte.


-> Comment tu te sens maintenant ?
Est ce que cette peur est toujours aussi intense maintenant que tu as mis quelque chose en place pour la calmer ?


Nous vous invitons à tester ces questions et à nous partager dans les commentaires comment cela a pu modifier la situation, en comparaison avec ce que vous avez déjà pu vivre avec vos oursons 🙂

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3 commentaires

  • Jody

    Je crois reconnaitre un peu de clean language dans vos conseils.
    Cette approche est très intéressante puisqu’elle permet de créer un bon rapport sans jugement c’est juste parfait !
    Merci pou ces excellents conseils ! 😀

  • Béatrice SEBAG

    Karl ROGERS 👍🏽 J’ai commencé le développement personnel (il y a …+ de 20 ans) avec 1- la sophrologie et 2- la communication non violente. L’écoute active, très peu de personnes y parviennent, déjà à cause des jugements effectivement (nombreux sont ceux qui n’ont pas conscience de leurs jugements) et aussi parce que nous avons beaucoup de mal à ne pas donner de conseils et à nous taire. La plupart du temps l’autre a juste besoin d’exprimer, de sortir de lui, et se retrouve avec une ribambelle de conseils alors qu’il avait juste besoin d’être écouté.

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