Sophrologie

L’énergie du brocoli: 4 étapes pour apaiser une situation critique

4 étapes pour apaiser une situation critique
Situation de crise au parc oriental de Maulévrier

Je vous partage aujourd’hui 4 étapes pour apaiser une situation critique. 

Si vous ne l’avez pas encore lu, nous vous invitons d’abord à lire notre article sur « l’importance d’accueillir les émotions » pour bien comprendre les bénéfices de cette méthode que nous partageons aujourd’hui.


Voici ce qui nous est arrivé l’été dernier. Imaginez-vous un bel après-midi d’août. Grand soleil, ciel bleu et petits oiseaux.  Retrouvailles en famille dans un beau parc japonais dans l’ouest de la France. Quelques heures de route dans les pattes, un léger brin de fatigue pour les grands, d’excitation pour les plus jeunes.

Nous voilà partis à la découverte de ce joli et grand parc, avec 3 enfants de 5 à 8 ans et leur 2 mamans (dont moi donc 😃) Pleins d’énergie, les enfants courent, escaladent, reviennent sur leur pas. Ils explorent, cherchent, photographient. Ils nous posent aussi pleins de questions, se chamaillent quelques fois.  

Après quelques heures, voilà que madame fatigue s’invite. Petit Loup en a marre. Il commence à traîner des pieds, râler, grogner. Encouragé par sa maman, il continue courageusement d’avancer, la voiture étant proche. 

Mais d’un seul coup, BAM ! Point mort, KO technique. Petit loup ne veut plus avancer. Il éclate en sanglot, tape des pieds, se roule par terre, cris. 


Vous avez déjà vécu ça vous aussi ? Ce sentiment en tant que parent que ce moment peut gâcher les dernières heures pourtant si agréables? Cette lassitude mêlée du sentiment d’être démuni face à la crise ? 



Alors je me suis approchée doucement de Petit Loup, me suis assise à côté de lui et lui ai dit très calmement: « Tu es très fatigué, nous avons beaucoup marché aujourd’hui. 

-Oui, a-t il répondu. 

-As-tu besoin que nous fassions une pause ? 

-Oui, a-t il encore répondu »

Mais déjà les grosses larmes et les mouvements brusques avaient cessés. Mais ce n’était pas fini : 

« As-tu besoin de reprendre des forces, de l’énergie ? 

– Oui.

– Qu’est ce qui te donne de l’énergie à toi ? Qu’est ce que tu aimes, qui te fais du bien et que te donne plein d’énergie ? 

– Les brocolis, j’adore les brocolis c’est trop bon ! (Je vous laisse imaginer ma surprise !! ) 

– Ok super! Moi aussi j’aime ça, les brocolis. Tu veux fermer les yeux, et imaginer que tu as une énorme assiette pleine de brocolis devant toi. Tu les vois ? 

– Oui !

– Vas y, tu peux les manger ! Tous ! Tu sens comme ils sont bons ? Tu sens le goût dans ta bouche ? 

– Hum oui, c’est bon…

– Tu sens toute l’énergie qu’ils t’amènent ? Comment ça fait dans ton corps toute cette énergie ? – …(je vous avoue j’ai oublié la réponse ^^ mais l’essentiel c’est qu’il sentait très bien ) 

– Est ce que tu as assez d’énergie pour retourner jusqu’à la voiture maintenant ? Ou te faut-il encore des brocolis ? 

– C’est bon ! Je suis plein d’énergie, je vais même courir !

– Bravo Petit Loup tu as réussi tout seul à retrouver ton énergie perdue. Tu es un vrai enquêteur ! »

Et c’est en effet ce qu’il a fait !
 

Au delà du côté drôle de cette histoire, il y a là une vraie pédagogie.



Voici les points clefs que j’ai appliqué pour désamorcer et apaiser cette situation de crise:  

1. Donner de l’importance au ressenti


Ce que nous ressentons est juste.

Personne ne peut décider que nous ne sommes pas fatigué ou pas en colère ou pas joyeux. Nous le ressentons et c’est tout. C’est là, à l’intérieur de nous. Même si c’est désagréable, pour nous ou pour celui qui est avec nous. Ce qui a permis de faire cesser les cris et de désamorcer très vite la situation, c’est d’avoir accordé de l’importance à ce qu’il vivait. De constater ce qu’il ressentait, de le verbaliser et surtout de ne pas le juger. 

C’est l’exercice le plus important et aussi le plus difficile peut être, celui de ne pas juger.


Accepter ce qui se passe pour l’autre. 

Accueillir ce qui se passait pour lui lui a permis d’être entendu dans sa difficulté. Il s’est senti soutenu. 

Si vous rentrez du travail agacé ou fatigué, et que votre moitié à qui vous confiez vos déboires ne vous écoute pas, ou juge cette réaction excessive, quelle sera votre réaction ? Votre énervement va très probablement augmenter. Vous aurez le sentiment de ne pas être compris, pas soutenu. 

C’est exactement ce qu’il se passe lorsque un enfant se sent mal et que la réponse que nous lui apportons est celle de l’ignorance ou de la minimisation.

Quel message passez-vous à votre enfant à ce moment là ? Ce que tu ressens est important. Je t’ai compris et je suis là pour t’aider, t’accompagner et te montrer le chemin.

Je vous invite à essayer et observer. Avec vos enfants, ou même avec les grands !

2. Faire choisir à l’enfant ce qui est bon pour lui



C’est nécessaire d’impliquer l’enfant dans le choix de la réponse.

Qui mieux que nous-même, sait ce qui est bon pour nous à un moment précis ? Si vous avez faim et que l’on vous donne à boire alors que vous vouliez une banane, est ce que cela vous convient vraiment ? 

Avez vous déjà essayé cette technique en imposant à l’enfant une solution, comme par exemple si tu as peur dans le noir, dort avec la lumière ? Est ce que cela a marché ? Peut être que oui, et peut être que non. Peut être que oui si la peur vient du fait de ne pas voir quelque chose arriver, peut être que non si la peur vient du fait d’être endormi et de ne pas entendre. 

Lorsque l’enfant choisi lui même la réponse, elle répond parfaitement à son besoin.


Selon les situations, il faudra peut être cadrer les choses, mais puisque c’est l’imaginaire qui rentre en compte, presque tout est possible !  Dans tous les cas, vous pouvez lui faire des propositions, pour l’aider à choisir.

Et encore une fois sans jugement. Vous imaginez bien que je n’attendais pas cette réponse, et que des brocolis chez un petit garçon de 6 ans, je n’y aurais jamais pensé!

Mais j’ai accueilli, sans juger ce qui était bon pour lui, et cela l’a réconforté. 

Quel message transmettez-vous à votre enfant à ce moment là ? Tu peux te faire confiance, tu es capable d’écouter ce qui est bon pour toi et de répondre à ton besoin.

3. Faire valider l’enfant


Dans cette histoire, nous avons été plutôt chanceuses, il faut l’avouer.

Soyons honnête, ce n’est pas toujours aussi simple, même avec les bonnes techniques.  Si l’histoire avait du se poursuivre, il aurait fallu continuer jusqu’à ce que son calme soit revenu. Peut-être faire venir d’autres sources d’énergie sur le même principe. 

Ce qu’il est important de retenir, c’est l’étape de validation. « Est ce que c’est ok pour toi maintenant ? »

Tant que ce n’est pas ok, vous n’irez pas plus loin. 


Imaginez vous dans une situation similaire : vous déballez votre sac de fin de journée à votre compagnon et en plein milieu de la conversation, il vous dit allez on y va maintenant. En tant qu’adulte peut être allez-vous suivre le mouvement.

Pour autant, peut-être vous direz-vous intérieurement qu’il ne porte pas beaucoup d’attention à vos difficultés. Peut être en aurez-vous gros sur la patate et aucune envie de partir maintenant dîner chez les grands parents. 

Comme nos enfants ne sont pas des adultes, ils ne suivront pas le mouvement, mais vous aurez compris l’idée : le problème doit être RESOLU. 

Quel message transmettez vous à votre enfant à ce moment là ? Il est important de s’occuper de ça maintenant jusqu’à ce que tu ailles mieux. 


4. Valoriser ce qu’il vient de faire


On ne le dira jamais assez, encourager les enfants quand ils réussissent quelque chose est aussi important que de leur montrer quand il n’ont pas encore acquis une compétence.

C’est un exercice difficile qu’ils viennent de vivre. Les émotions sont plus vives pour les enfants que pour les adultes.

En l’encourageant et en le félicitant d’avoir réussi à retrouver son calme, vous transmettez des hormones de plaisir à votre enfant. Physiologiquement, il ressent du plaisir et nous sommes câblés pour chercher ce plaisir.


L’enfant associera le plaisir au fait de retrouver son calme et sera plus à même de vouloir recommencer. 


Votre enfant prendra confiance en ses propres ressources, et un jour, vous épatera en agissant seul pour résoudre sa difficulté émotionnelle. 

Et conseil bonus : félicitez-vous, vous aussi !

C’est un exercice difficile que vous venez de surmonter. Il a mis vos nerfs à rude épreuve, développé votre capacité de patience, d’écoute et à mobilisé toute votre énergie.

Donner de la valeur à ce moment, à votre rôle de parent et à ce que vous venez d’accomplir vous reboostera après cette situation de crise.

En tant que parents, nous sommes très impliqués affectivement avec nos enfants.


Parfois, quelqu’un d’extérieur peut prendre le relai avec beaucoup d’efficacité. Alors si cet article vous a plu, si vous pensez que ces clefs pour apaiser une situation critique peuvent vous aider, n’hésitez pas à l’envoyer aux oncles, tantes, grands-parents, cousins, cousines, amis sans modération !

Si vous avez des ancedotes, des questions sur des situations vécues, vous pouvez aussi nous les partager dans les commentaires !

Bénédicte

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18 commentaires

  • SOPHIE CARAMBANO

    Merci pour cet article, l’idée de visualiser la chose dont nous avons besoin est excellente!! J’essaierai de l’appliquer à la prochaine occasion… qui ne tardera pas j’en suis sûre, 😉 . Notre fils de 7 ans a une réaction récurrente lorsqu’il va jouer chez son meilleur ami, arrivé le moment de partir, il dit souvent qu’il n’a pas eu le temps de jouer et se met à pleurer. Nous sommes conscients qu’il y a la fatigue de la journée et nous savons à quel point il adoooore passer du temps avec cet ami. Cependant, quand il est l’heure de rentrer, il est l’heure de rentrer… Nous le prévenons toujours quelques minutes à l’avance mais même avec ça, parfois, c’est le drame… Et si j’essaie de m’approcher de lui et de lui dire que je comprends qu’il est frustré , il me repousse et me dit qu’il ne partira pas. Aurais-tu une ou deux phrases en tête que je pourrais tester? Merci d’avance pour ton aide!

    • Bénédicte&Fabien

      Bonjour Sophie, je vous conseille surtout de préparer avant et après pour éviter et accompagner ces moments de « crise ».
      Je m’explique: poser le cadre avant, fixer l’heure de départ et proposer à votre grand qu’il fasse attention à l’heure ou que vous le préveniez, en lui laissant le choix. Mettez vous d’accord que si il oublie l’heure, dans ce cas vous le lui rappellerez.
      Pensez aussi à lui dire le temps que vous allez rester sur place: aujourd’hui nous avons 2h de jeu, peut-être trouveras-tu qu’elles vont passer très vite. Il est possible de lui montrer aussi ce que représente 2h pour quelque chose qu’il n’aime pas ou trouve long, comme un trajet en voiture par exemple. Lui faire prendre conscience de ce que ce temps représente l’aidera à calmer cette idée qu’il n’a pas eu assez de temps pour jouer.
      Organiser également le moment du départ : comment peut-on faire pour que ce moment se passe dans le calme ? Quelles sont tes idées pour que dire au revoir soit un moment aussi sympa que le reste de l’après-midi ? Vous serez peut-être surprise par ses idées : inventer un check, se prêter un jeu, fixer les prochaines retrouvailles etc (la visualisation peut intervenir ici, fermer les yeux et imaginer que le départ se passe bien, comment ? )
      Pour le moment même de l’émotion, il m’arrive de taper des pieds avec mon fils en criant je suis pas content et cela fini toujours par le faire rire. Cela peut être un concours de grimace envers vous si sa colère est dirigée contre vous, et vous lui répondez jusqu’à ce qu’il rigole.
      Il est important de revenir sur les moments de crise à postériori, quand tout est calmé et tout le monde apaisé. Quelle était l’émotion ? La nuance peut-être ? De quoi avait-il envie à ce moment là ? Et comme vous essayez de le faire sans succès pendant la crise, lui montrez que vous comprenez ce sentiment, cette difficulté. Que vous voyez que c’est dur pour lui et peut être partager comment vous gérez vous ce genre de situation. Je vais proposer dans le challenge en cours des vidéos d’outils sophrologiques, vous pourrez y trouver des idées peut-être pour lui donner des outils à utiliser lorsqu’il sent que l’émotion l’envahit. J’espère que cela vous aidera, et surtout, gardez en tête qu’il faudra probablement plusieurs essais (pour vous et pour lui: ne rien oublier, lui penser à la technique d’apaisement…) et si la 1ère fois n’est pas la bonne c’est normal. Bon courage !

  • Anne-Gabriel

    Excellent article !
    En 1/ je dirais: se poser et attraper la patience ! Ensuite commencer !
    Je retient ces 4 excellentes étapes qui , je pense, peuvent être observées lors d’interactions entre adultes également (à adapter avec finesse).

    • Bénédicte&Fabien

      Tout à fait Anne-Gabriel ! Et pour attraper cette patience, il est important d’être au clair avec ses propres émotions d’ailleurs. Ce schéma peut tout à fait servir à nos relations d’adultes, si vous en faites l’expérience n’hésitez pas à nous faire un retour 😉

  • Florent Couston

    Haha mars et ça repart, mais plus fort encore, le brocoli et c’est reparti 😉 Je questionne beaucoup les petits pour comprendre ce qui ne va pas, j’écoute et on trouve la solution ensemble. Je fais en sorte que la solution vienne d’eux en premier …!

  • Erika

    Cette technique apprend à l’enfant à trouver une émotion agréable pour remplacer ce qui l’affecte, en puisant dans son imaginaire…Puissant!!! Bravo pour avoir trouvé la patience, l’attitude adéquate face à la fatigue générale et transformer en apprentissage positif.

    • Bénédicte&Fabien

      C’est exactement la description de la sophrologie 🙂 Comme je le dis dans l’article, ne pas être le parent a un avantage certain car nous savons que les enfants se comportent bien différemment avec nous ! Un vrai travail personnel m’a permis aussi d’acquérir cette patience ^^

    • Bénédicte&Fabien

      J’espère que cela pourra aider à apaiser la fin de ces vacances! Ensuite cela demande de l’habitude pour intégrer ce schéma de pensée. Les enfants ont aussi la sensibilité pour venir nous chatouiller au bon endroit. Parfois comprendre ce qui se cache derrière cette situation et l’agacement que cela peut provoquer chez nous aide à relativiser !

  • Marie de Karma-santé

    J’adore cet article et j’aurais vraiment était surprise t’entendre le brocolis ! Même si ma fille raffole des brocolis également on s’attend plus à du chocolat par exemple !
    En tout cas les 4 points évoqués sont très importants et on devrait se les écrire dans la main histoire de ne pas les oublier !

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