Sophrologie

N’ayez plus peur des émotions désagréables !

Vous est-il déjà venu à l’idée de renvoyer le facteur qui vous apportait une lettre ?

Lui avez-vous fermé la porte au nez en le remerciant pour son passage, mais le contenu de la lettre ne vous intéresse pas ?

Avez vous déjà réceptionné un courrier important que vous n’avez pas ouvert ?  Si oui, que s’est-il passé ensuite ? Est-ce que laisser ce courrier fermé à réglé le problème sous-jacent ?

Si nous faisions l’analogie entre les émotions et le facteur, il nous arrive de traiter notre facteur avec plus de politesse que nous-même !

Mais pourquoi avons-nous autant peur de nos émotions ? Pourquoi voulons-nous les refouler et éviter de les ressentir ? Pourquoi avons nous peur des émotions des autres ?

J’y vois deux raisons principales que je vous propose de décoder maintenant.

SI vous venez pour la première fois sur le blog, découvrez l’intérêt d’accueillir et écouter les émotions en lisant notre article sur le sujet.

Bloquer ses émotions par peur, c'est comme bloquer sa boîte à lettre
Bloquer nos émotions créer une tension


La peur de l’inconnu

Nous sommes câblés pour avoir peur de l’inconnu. De manière très primitive, l’homme a du faire face au danger pour survivre. Et ce fonctionnement cérébral n’a pas évolué depuis la préhistoire ! Alors que notre mode de vie a bien changé, nous réfléchissons toujours instinctivement en terme de danger vital.

Aussi lorsqu’une émotion désagréable arrive, nous sentons le danger se pointer. Car ce type d’émotions amènent un comportement instinctif inapproprié dans la société d’aujourd’hui (voir le paragraphe suivant : la peur d’être isolé) .

Mieux comprendre ces émotions et leur utilité, découvrir comment les libérer de façon acceptable devrait vous aider à mieux accepter leur présence.

Car quoique l’on fasse, ces émotions sont présentes dans nos quotidiens. Et plus nous les refoulons, plus elles prennent d’ampleur.  Un peu comme l’opérateur de téléphonie qui vous appelle pour vendre un nouvel abonnement auquel vous ne répondez pas. Il vous rappelle inlassablement pendant des semaines, plusieurs fois par jour ! (je vais vraiment devoir me décider à décrocher pour que cela s’arrête ! )

Les émotions sont toutes UTILES. Je ne le répéterais jamais assez, mais qu’elles soient agréables ou non, voir vos émotions comme utiles va vous aider à changer votre rapport à elles. Considérez chacune de vos émotions comme le facteur qui apporte un message. Si votre facteur chuchote au début, il finira par hurler si vous ne l’écoutez pas. Un peu comme nous le faisons parfois auprès de nos enfants !

Plus vous écouterez votre facteur tôt, plus vite il repartira.

accueillir ses émotions
Écouter ses émotions, c’est comme ouvrir son courrier


La peur d’être isolé


Réagir à nos émotions inconfortables nous laisse croire que nous allons être jugé par les autres. Et ce jugement est terrifiant pour notre esprit.

Si je suis jugé de façon négative, je peux me retrouver seul, isolé. Si je suis seul, alors je risque ma vie.

Cette réflexion d’homme préhistorique est toujours ancrée en nous. Pourtant, nous ne sommes plus soumis à une chasse quotidienne ni à un mammouth des cavernes. 

Comprendre ce phénomène permet de prendre du recul sur nos émotions.


Le danger est-il réel ou imaginaire ? Est-il vital ou de confort ?

Répondre à ces deux questions permet de remettre l’émotion à sa juste place : un messager. Une fois cet équilibre établi, je suis libre d’y apporter la réponse la plus adaptée et de réguler son intensité, grâce notamment à la respiration.

Retrouvez les différentes respirations sur la chaîne Youtube L’éveil des émotions.


Décoder le message


Voici quelques pistes de pourquoi vous ressentez une émotion inconfortable :

– vous dépassez vos propres limites et acceptez l’inacceptable pour vous

Par exemple, vous vous sentez épuisé(e) mais vous avez prévu 50 choses dans votre journée de repos. Immanquablement, vous ressentirez du stress, de l’impatience, peut-être de la frustration ou de l’injustice.

– vous tolérez une situation qui est en désaccord avec vos valeurs

Chaque jour votre travail vous demande de démarcher des personnes âgées pour leur vendre un abonnement à un magazine. Votre direction vous incite fortement à forcer la vente. Cela va à l’encontre de vos valeurs de respect, d’honnêteté.

Vos enfants laissent traîner leur cartable dans l’entrée chaque soir en rentrant. Cela remue vos valeurs de solidarité, de discipline et de responsabilité.

Votre grand oncle vitupère sur les enfants qui chahutent, cela vient travailler vos valeurs de bienveillance et de patience.

Débordement émotionnel, réservoir plein
Quand le réservoir émotionnel est plein, il déborde

– vous négligez un besoin important pour vous

Si vous ne devez garder en tête qu’une seule lecture de message, c’est celle-ci. Lorsque je ressens une émotion désagréable, c’est qu’un de mes besoins fondamentaux n’est pas respecté.

Je suis en colère parce que mon enfant a été grondé à tort par la maîtresse. Je reconnais mon besoin de justice.

J’ai peur de prendre la parole en public. J’ai besoin de ressentir l’amour et le soutient.

Je suis honteux d’avoir menti. J’ai besoin de reconnaissance et d’acceptation.

Je suis frustré(e) parce que je n’arrive pas à avancer sur mon projet. J’ai besoin d’inspiration et de calme.


Comprendre le besoin caché derrière l’émotion permet de trouver une autre manière d’y répondre que celle instinctive comme l’agacement, l’irritabilité ou parfois la violence.


Marshall Rosenberg, inventeur de la communication non violente (CNV) décrit parfaitement de processus interne de nos pensées. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez commencer par cette page fabuleuse d’Apprentie Girafe qui décrit en image et avec douceur comment passer du mode chacal au mode girafe bienveillante.



Et la peur des émotions de nos enfants ?


Pourquoi régissons-nous si vite et parfois avec autant de virulence intérieure (ou pas) aux émotions désagréables de nos enfants ?

Probablement parce que les notre sont déjà dures à vivre, d’autant que nous n’avons pas appris à nous en occuper. Alors s’occuper de celles des autres devient difficile. Comment aider pour quelque chose sur lequel j’ai moi-même du mal ? Comment mettre des mots sur ce que je m’empêche de ressentir ? Ou comment aider à les accueillir quand moi-même je les refoule ?

Mais aussi très certainement parce que cela vient réveiller quelque chose en nous que nous souhaitions laisser bien enfoui.


Je dis souvent que les enfants sont le meilleur outil de développement personnel.


Ils ont cette faculté intrinsèque d’écouter et ressentir les autres aussi bien qu’eux-même et de nous pousser à nous libérer de nos propres tensions. Avez-vous déjà remarqué que lorsque vous êtes déjà à fleur de peau, vos enfants sont encore plus volubiles ?

Dans son livre « Il n’y a pas de parents parfait », Isabelle Filliozat explique bien ce phénomène. L’enfant cherche inconsciemment à faire éclater et libérer la tension de son parent, qu’il s’est lui-même approprié puisqu’il la ressent comme si elle était sienne.

Mais le titre du livre en dit également plus long sur ce qui peux expliquer nos propres blocages à l’encontre des émotions de nos enfants. « L’histoire de son enfant commence par la nôtre ».

Quand nous n’avons pas pu exprimer nos peurs ou nos colères, comment accepter que quelqu’un d’autre le fasse ? Il peut y avoir un sentiment d’injustice naissant par exemple.

Dernière piste à creuser, c’est ce que nous renvoi le mal-être de la personne la plus précieuse pour nous. Sommes-nous capable de le protéger, de bien nous en occuper ? Sommes-nous un bon parent ? Que vont dire les autres si ils voient mon enfant faire une colère en public ?
Se couper des émotions désagréables de ses enfants revient à fermer le capot sur notre besoin de reconnaissance de nos pairs comme cité plus haut dans l’article.

Mais qu’est ce qui est le plus important pour vous aujourd’hui, l’avis de votre voisin, ami, ou le bien-être de votre enfant ?


Et vous, quelle émotion vous avez le plus de mal à accompagner ?

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17 commentaires

  • Gladys

    Quelle émotion ai-je du mal à accompagner ? C’est une question difficile. J’essaye de considérer chaque émotion comme un message. La colère par exemple, comme un besoin de changement. La peur, comme un manque de préparation. Finalement, je crois que c’est la fatigue que j’écoute le moins et je prends souvent le risque de m’épuiser avant de réaliser qu’il est temps de prendre du temps pour moi. Mais accueillir sereinement les émotions négatives de ses enfants, c’est encore compliqué. Même s’ils ont naturellement besoin de les exprimer pour se soulager. Merci pour cet article qui aide à réfléchir sur nos émotions 😉

  • emma

    Article super riche, un grand merci. J’ai beaucoup appris en lisant des livres de CNV dont Marshall Rosenberg, et c’est souvent un effort quotidien de décoder les émotions désagréables et de faire en sorte que cela soit exprimé et vivable avant explosion (ou implosion selon les tempéraments) !!

  • Adeline Valentin-Giquel

    Pas si simple de déceler TOUTES les émotions et encore plus pour découvrir le besoin qu’il peut se cacher derrière. J’ai d’ailleurs l’impression que de plus en plus les gens ont du mal à gérer les émotions, est-ce le monde actuel qui nous désoriente ? Merci pour cet article intéressant.

  • caroline Drouart

    merci pour ton article très intéressant. je préfère aussi parler d’émotions désagréables ou inconfortables que d’émotions négatives : elles ont toutes quelque chose à nous amener ! le plus difficile est souvent de prendre conscience de la présence de l’émotion 😁

  • Cat

    C’est clairement la colère qui est difficile à exprimer pour moi ou parfois elle s’exprime sans avoir le temps de l’apprivoiser et c’est un peu brut de décoffrage!! Mais bizarrement j’arrive à bien accompagner mes petits loups avec leur colère grâce à une boîte dans laquelle se trouvent des petits morceaux de papiers qu’ils doivent déchirer!

  • Nico06

    Je trouve l’univers des émotions passionnant ! Personnellement je sais que mon profil psychologique est ce celui de quelqu’un qui les vit intensément… Mais je ne le regrette pas. Apprendre à comprendre, gérer, reconnaître, ses émotions à son enfant est également qqchose de très important à mes yeux. Merci pour ce bel article

  • Claire

    C’est vrai que certaines colères sont difficiles à exprimer! En ce qui me concerne, à peu près toutes celles qui sont désagréables sont bien cachées au fond de moi! J’essaye de ne pas transmettre ça à mes enfants, mais ce n’est pas simple quand moi-même j’ai du mal à parler des mes colères et mes peurs!

    • Bénédicte&Fabien

      Mais oui, je pense que notre génération de jeune parent connaît bien cette position. Vouloir faire mieux avec ce qu’on a, c’est très honnorable ! Je prépare un article pour Olivier ou tu trouvera de quoi t’aider peut être, à te décharger de ces émotions 😊

  • Mélody

    « Si votre facteur chuchote au début, il finira par hurler si vous ne l’écoutez pas » : exactement comme une beuglante dans Harry Potter 😉

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