Parentalité

Les enfants travaillent pendant que les adultes jouent.


De tout temps, nous avons considéré que les enfants jouaient.

Mais en réalité nous avons à faire à des petits travailleurs en fusion et ceci dès la prime enfance. Ce que nous percevons comme des jeux ou des coquineries s’avère être pour nos Oursons un vrai travail de détective.


Une petite histoire


Nous sommes une fin de matinée des plus classique avec mon Bib’ours âgé d’environ un an qui me rappelle qu’il est l’heure pour lui de manger.


Sachez que nous avons eut un virtuose de la petite cuillère, les repas étaient longs car le trajet assiette/bouche fait avec mille précautions pour ne pas perdre une miette, MAIS rarement d’accidents ni d’éclaboussures, et encore moins de maquillage cacaoté ou rouge tomate à déplorer.

les enfants travaillent pour apprendre et grandir


Ce jour là, confiant, j’installe mon Bib’ours sur sa chaise et lui présente son repas. Monsieur attrape sa cuillère nonchalamment et la fait tomber. Tout en se penchant pour observer la scène et constater que celle-ci se trouve un bon mètre plus bas. Quelques secondes passent et il me fixe avec ses petites billes étonnées :

”Mince je fais comment maintenant?” semble-t-il penser

”Ne t’inquiètes pas!”dis-je 


Super N-as-papa-tout-compris met sa cape de super héros et accoure te rendre ta cuillère.

Fier de moi et de mon acte héroïque, je vois mon Bib’ours tendre le bras, fixer la cuillère dans sa menotte et l’ouvrir. La cuillère tombe. Bib’ours se penche, observe une dizaine de secondes, se retourne vers moi et explose de rire.

”Ah….dis-je, Oui c’est drôle!”


Puis Bib’ours me montre la cuillère du doigt, je vous laisse comprendre sa demande.

Super N-as-papa-tout-compris remet sa cape et vole au secours de la pauvre cuillère. Et remet la victime à Bib’ours.


Attraper, tendre le bras, fixer la main, lâcher, se pencher et rigoler! J’ai comme une sensation de déjà vu….

OUI mais là, je ramasse la cuillère et je dis ”non!” Et pour bien faire comprendre au chenapan je garde la cuillère quelques secondes.

La réaction ne se fait pas attendre, les sourcils se froncent, un air de mécontentement apparait. Je veux mon jouet semble-t-il me dire. Et oui! encore une victoire de Super N-as-papa-tout-compris!


Un problème? Pas de problème pour Bib’ours! Ni une, ni deux:

Il attrape le bol, tend ses bras, regarde bien ses mains, lâche le bol qui redessine élégamment le parquet. Il se penche, regarde les dégâts et part dans un fou rire à tomber à la renverse.

Bon je m’avoue vaincu par KO, je nettoie et finalement décide de donner moi-même le repas à notre Newton en culotte courte.


Ce jeu là, je ne suis pas le seul à l’avoir vécu. En tout cas ce que j’appelle en tant qu’adulte un jeu. 

Car pour nos Oursons, il s’agit d’une expérience sérieuse de physique sur la notion et la découverte de la gravité. De ses conséquences et effets sur les objets.


Il ne viendrait à l’imagination de personne sur ce blog de lâcher un objet et de le voir s’envoler comme par magie. Sachez que cette certitude, vous l’avez acquise en lâchant des objets et peut-être en redécorant le salon de vos parents !

”L’enfant ne joue pas, il explore, il fait des expérimentations, il veut comprendre, il veut chercher à comprendre le monde”

Josette SERRE, Docteur en psychologie du développement.


L’enfant grandit grâce au jeu


Mais qu’est ce qui ce cache derrière des enfants qui semblent jouer? Que recherchent-ils?

Les jeux chez nos enfants varient selon leur âge et leurs expériences. Mais ils sous-tendent toujours une expérimentation, une recherche ou la validation d’expérience passée par la répétition. De ce fait ils permettent le développement intellectuel, sensori-moteur et social.


Ils permettent également de nombreux bénéfices comme par exemple:

  • Augmenter la créativité et l’imagination
  • Favoriser le développement du langage
  • Renforcer les liens parents-enfants…

Et bien d’autres encore.


Mais à travers ce blog nous souhaitons vous partager le fait que le jeu est aussi une façon d’appréhender, connaitre et reconnaitre les émotions ( dont nous avons expliqué l’importance dans cet article )

Le jeu peut leur permettre aussi de gérer ces énergies qui les traversent.


Un exemple vaut mieux qu’une encyclopédie en dix volumes chez Larousse édition:

Les enfants ont souvent, à un stade de leur développement généralement entre 18 mois et 3 ans, de l’agressivité envers les autres. Il est fréquent que des coups, morsures, ou autres joyeusetés s’échangent entre eux.

Cette agressivité ne nait pas d’une réelle envie de nuire à l’autre, l’enfant ressent de la colère et se sent littéralement envahit par une tempête émotionnelle. Cette énergie désagréable pour l’enfant doit ressortir : et là Bingo! C’est sur le premier copain ou doudou qui passe à proximité. Ce qui peut générer, en retour, une réponse tout aussi sympathique du copain.

En grandissant l’enfant va devoir affronter le dilemme qu’est le soulagement de relâcher la tension de la colère à travers l’agressivité et le dommage infligé à l’autre par cette réaction.


Cette problématique est résolue, selon Donal W. Winnicott, quand l’enfant assume exprimer son agressivité durant le jeu et non seulement pendant les moments de colère. Il va pouvoir par cette intermédiaire moduler, réguler et apprendre à évacuer en se contrôlant.

En extrapolant, notre Ourson face à ce dilemme peut ressentir une sorte d’anxiété face à cette situation désagréable. Et le jeu qu’il va mettre en place pour tester ses réponses agressives, va pouvoir également le rendre plus serein face à cette émotion. En d’autre terme le jeu permet également à l’enfant de gérer ses angoisses et/ou peurs.

Tout ne se fait pas du jour au lendemain, mais les capacités d’apprentissage de nos Oursons sont impressionnantes.



Je vous partage en bonus une courte vidéo de 3 minutes du Docteure SERRE qui nous récapitule le sujet.


Pour conclure, nous savons maintenant depuis longtemps que le jeu est une nécessité pour les enfants. Mon titre provocateur est surtout là pour nous faire réaliser que, de son point de vue, l’enfant ne joue pas mais il est en perpétuel apprentissage. Et la prochaine fois que vous couperez un ”simple » jeu selon vous, comme j’ai pu le faire de nombreuses fois, essayez de changer de point de vue.


Peut-être avez-vous une anecdote qui vous revient et qui sous cet angle, prend un nouvel éclairage? Si oui j’espère qu’il vous fera sourire! Et si le cœur vous en dit, partagez-le nous, que l’on puisse avoir un petit rayon de soleil aussi ^^

PARTAGER:

19 commentaires

  • eric

    Je n’ai pas d’anecdotes précises à partager aux me viennent à l’esprit mais cette histoire m’a replongé de nombreuses années en arrière lorsque je faisais face à mes enfants, petits, qui découvraient les lois de la physique et leur apprentissage à l’appréhender et l’utiliser à leur escient. Avec le recul je partage parfaitement cette notion que les enfants ne jouent pas mais apprennent à vivre … et puis cela finalement cela continue sur d’autres plans de perception à mesure qu’ils grandissent … Il y a quelques années j’ai pris conscience que cela se passe par des cycles de 7 ans, 7 cycles de 7 ans, mais les 3 premiers sont essentiels car ils forgeront notre perception de la vie et ancreront nos valeurs et perception de la vie en tant qu’adulte … Merci pour ce joli article 🙏

    • Bénédicte&Fabien

      Merci Eric, intéressant cette idée des 7 cycles de 7 ans. Nous ne connaissons pas, mais sommes tout à fait d’accord sur le fait que les premières années sont déterminantes pour l’adultes qu’ils deviendront. Merci pour ce partage 🙂

  • nathalie

    Oui c’est impressionnant de voir à quel point leur petit cerveau travaille sans cesse et à quelle vitesse les informations sont intégrées ! C’est vraiment passionnant d’être parent et d’être attentif à tous ces gestes au quotidien 🙂

  • Marilou

    C’est très justement observé et merci de nous formaliser ce qu’on n’analyse plus tant ça nous parait normal et habituel. Hors en effet il s’agit de construction de soi.
    La répétition, l’observation, l’expérience… tout ça fait l’apprentissage. Merci infiniment

  • Chloé

    Je suis d’accord à 1000%. Si seulement le système éducatif pouvais en tenir compte… Dès 6 ans, les jeux sont quasiment absents des salles de classe et nos enfants doivent rester assis à écouter quelqu’un qui leur apprend des choses. Pourtant, les pédagogues et spécialistes en neurosciences s’accordent à dire que le jeu est la meilleure façon d’apprendre (voire même la seule). Pourquoi s’obstine-t-on à aller contre la nature ?

    • Bénédicte&Fabien

      Ces connaissances sont relativement récentes et les choses évoluent, c’est ce qu’il faut garder en tête même si comme vous, nous espérons que cela s’accélère pour le bien des enfants. Notre levier d’action est celui de la maison, alors allons-y à fond 🙂

  • Corine

    Très bel article plein d’amour et de logique. J’aurais aimé avoir ce genre de littérature il y a … 29 ans, l’âge de mon fils adoré. À l’époque, je lui donnais une cuillère à laisser tomber au sol (attachée à une ficelle pour la récupérer facilement) pendant que je lui donnais à manger avec une autre, il était content de mon subterfuge car il pouvait recommencer encore et encore sans que je perde patience 😄

    • Bénédicte&Fabien

      C’est une excellente technique que vous avez adopté Corine ! Votre fils a pu expérimenter et vous garder votre calme. Merci de la partager ici, elle aidera peut-être des jeunes parents qui vous liront. Merci beaucoup 🙂

  • Pascaline

    j’ai eu un ourson qui avait du mal à exprimer ses émotions, ou qui les exprimait de façon un peu envahissante 🙂 que ce soit la joie, la colère ou la tristesse, c’était cataclysmique 😀
    il a mis pas mal d’années avant d’arriver à identifier ses émotions et à les gérer.

    • Bénédicte&Fabien

      Les connexions entre les différentes zones du cerveau qui permettent la régulation des émotions se terminent à l’âge de 20 ans ! Les enfants n’ont donc pas la capacité de se réguler, et vivent de vraies tempêtes émotionnelles, ce qui explique les réactions de votre Ourson ! Votre commentaire nous motive dans le partage de toutes les connaissances et outils pour aider ces petits choux, car c’est exactement ce que nous souhaitons apporter ici 🙂

  • Claire

    Oui, je suis persuadée que le jeu est le travail à plein temps des enfants! Mon 3 ans ne jure que pas le jeu. Mais déjà mon 5 ans ne réalise plus qu’il travaille quand il joue et associe travail (à l’école) avec ennui, rébarbatif. J’essaye de lui faire comprendre que le travail peut être un jeu, que le jeu est un travail…mais ce n’est pas simple! Je crois que c’est l’entrée à l’école qui l’a fait basculer dans l’univers où le jeu et le travail sont deux choses distinctes!

    • Bénédicte&Fabien

      Merci pour ce partage d’expérience! Nous ne pouvons pas maîtriser ce qu’il se passe à l’école et malheureusement, les instit ne sont pas formés à la psychologie de l’enfant.
      Nous avons observé la même chose avec Bib’ours et essayons de décorréler l’activité de l’espace, le travail de l’école, en lui montrant tous les temps de jeux qu’ils passe aussi à l’école.
      Puis à la maison, nous lui proposons des activités éducatives sous la forme de jeu. Lorsqu’il réussi à appréhender une nouvelle notion / capacité, à ce moment là nous lui montrons ses progrès et les avantages d’avoir persévérer. A posteriori, nous rattachons la joie, la fierté d’avoir réussi au fait d’avoir travaillé, persévéré.
      Nous préparons un article sur l’écoute active, qui pourra peut-être vous aider pour venir questionner et accueillir sa réalité de l’école.
      J’espère que cela peut vous donner des pistes pour lui redonner le plaisir du travail et de l’apprentissage !
      A bientôt 🙂

      • Perrine

        Encore une fois un super article qui montre que chaque détail compte et est important dans l’apprentissage de nos tout petits !

        • Bénédicte&Fabien

          Pour éviter de se mettre la pression à chaque instant Perrine, je pense plutôt qu’il s’agit d’observer les situations qui peuvent nous agacer pour essayer de comprendre ce qu’il se passe pour son enfant. Qu’est-il en train d’expérimenter ? Quel est l’apprentissage derrière ce comportement ? Mieux comprendre notre enfant nous permet plus d’empathie et de patience 😉

  • Gaëlle

    J’adore le ton chaleureux et décontracté de vos articles, alors même que vous transmettez des choses instructives. Je travaille dans un collège et il y a une dynamique dans une classe qu’on arrive pas à faire évoluer. Mais, après cette lecture, j’envisage la piste du jeu.
    À bientôt 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *